Chuugakkou Aka
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 Rien ne va plus !

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Canada H
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MessageSujet: Rien ne va plus !   Rien ne va plus ! EmptyLun 17 Juil - 10:46

Une fic qui n'est pas de moi mais d'un auteur qui est une 'amie' et que j'apprecie enormément, voila ^-^

Auteur a écrit:
Genre / Rating :

Noir, sombre, glauque, angst (stressant), OOC (les personnages changent de caractère), résolument réaliste.
Je la classe en PG-13, mais beaucoup y verront sûrement déjà du PG-15 voire même du NC-17, tout dépend de votre niveau d'ouverture d'esprit. Bref, à ne pas mettre sous des yeux innocents.

Résumé :

Une vie demantelée, sans repère, sans dignité, une vie sans vie qui se finit dans un caniveau que plus rien n'éclaire. Une vie qui bascule du jour au lendemain sans aucune raison réellement valable. Une vie qui tourne mal, une vie réaliste, une vie à moitié vivante qui passe son temps à la recherche d'un bonheur fictif et éphémère, d'une identité, d'un nom et d'une histoire plausible que les autres voudront bien croire. Une vie sans rapport avec sa vie précédente, une vie toujours en quête d'affection, de consolation dans une promesse utopique.

Sakura débarque à Tokyo dans un quartier pauvre et mal famé. Adieu, petite fille innocente de la jolie ville de Tomoeda. Adieu, la petite famille unie que rien n'ombrage. Adieu, magie et féérie. Désormais, l'argent manque, l'amour aussi, et l'horizon si large qui s'offrait auparavant aux yeux voilés de la jolie CardCaptor se réduit en une mince trainée de poudre blanche sur une feuille noire.

Shaolan ne parvient plus à supporter l'autorité de sa mère à Hongkong. Il se morfond, une rage immense l'ébouillante : il veut retrouver Sakura. Ses soeurs l'aident et lui permettent de fuguer pour aller retrouver celle qu'il aime toujours. Son long périple commence, il pose un pied dans la tombe qu'il a lui-même creusée.

Tomoyo vit en Angleterre depuis la mort de sa mère, et n'y est pas heureuse. Elle brûle de rejoindre Sakura, mais se résigne peu à peu. Suite à un traumatisme, elle fait une rencontre qui changera sa vie de plus d'une façon et la rapprochera imperceptiblement de son but, et de son désespoir.

Trois destins croisés, liés d'une manière ou d'une autre, qui cherchent à se retrouver pour se trouver eux-mêmes. Car en étant sans repère, on ne peut jamais construire quelque chose de durable. Croyez-vous en la force de la vie ? Apprenez à vous y accrocher avant de tomber dans la fatalité putride d'une survie sans lumière.

Notes :

- Cette fic est longue... Très longue... Tellement longue que je l'ai jamais finie et que je compte pas la finir (du moins, pas sous cette version-ci). Donc, préparez-vous à une bonne dose de lecture, on est loin des one-shot que j'écris habituellement.

- Les premiers chapitres datent d'il y a facilement trois ans, donc forcément, le niveau, le style, l'orthographe et j'en passe sont laaaargement nuls (n'ayons pas peur des mots, à l'époque, je savais écrire qu'à moitié...). A vrai dire, j'ai tellement honte des dix premiers chapitres que je les relis même plus. Je pense (je me souviens plus trop) que ça s'améliore un peu par la suite, mais bon, le début est franchement rebutant à lire... Enfin selon moi ! Après, si vous vous aimez, c'est le principal.

- J'insiste sur le fait que cette fic est PG-13, c'est à dire déconseillée aux enfants de moins de treize ans. Je sais que pas mal de jeunes ados fréquentent ce forum, alors je tape sur le clou : si vous avez peur d'être choqué par des mentions plus ou moins explicites de sexe ou de drogues (pas de violence, enfin, pas que je me souvienne du moins), ou par la description sans tabou d'une vie que toute moral réprouve, passez votre chemin ! Venez pas vous plaindre après, vous êtes prévenus !

- Cette fic est à l'abandon : il n'y aura pas de suite, à moins qu'une immense motivation me fasse continuer pour avoir la satisfaction de l'avoir terminée. Ca fait déjà un an que je n'y ai plus touché, donc si vous voulez une suite, écrivez-la vous même, ça sera encore plus rapide que de me le demander ! Cependant, j'ai l'idée de la ré-écrire complètement pour réorganiser tout ça d'une façon plus logique et plus réaliste. Les trois premiers chapitres sont déjà écrits (ça fait six mois), mais de nouveau, le temps que je me mette à la suite, vous aurez tous des dentiers et des cheveux blancs.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture.

Bienvenue en enfer.
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Canada H
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MessageSujet: Re: Rien ne va plus !   Rien ne va plus ! EmptyLun 17 Juil - 10:47

Chapitre 1 : Changement

- Yo Maze ! Encore dans les vapes ?
Maze lui répondit par un éclat de rire dément.
- Je prends ça pour un oui, conclut l'homme qui lui avait posé la question. Je te sers quelque chose ?
- Saké… Non, coca-rhum.
Ryo lui servit son verre et alla s'occuper de ses autres clients, qui le réclamaient à l'autre bout du comptoir.
Éclairé par les spots, du haut de son estrade, le DJ laissait glisser les platines. C'était le signe du changement. Derrière lui surgit DJ Ashi, à qui il céda la place.
Maze lui hurla :
- Yeh DJ Ashi ! Allez Ash !
Il lui répondit d'un clin d'œil et sortit ses platines de son sac à bandoulière. Il prit les commandes de la sono.
Maze le considérait comme le meilleur scratcheur de tous les temps, et ce n'était pas par hasard. Primo, il jonglait avec les vinyles comme un dieu. Secundo, il faisait partie de la bande, tout comme Ryo d'ailleurs.
Justement, le fameux Ryo revint s'occuper de Maze, histoire de blablater un peu.
- Tu trouves pas qu'Ashi fait de mieux en mieux avec ses vinyles ? Il s'améliore grave ! Un jour, il dépassera DJ Poutine en scratche, c'est sûr !
Maze ne s'emballait pas vraiment.
- Bof. C'est un peu normal, vu qu'il fait que ça de la journée… Comme on dit, à chaque singe sa branche favorite. Mais par contre, toi, t'as de sacrés progrès à faire si tu veux devenir un barman digne de ce nom ! T'as du confondre ta bouteille de rhum avec celle de grenadine, je sais pas, mais y'a rien comme rhum là-dedans ! Allez, file m'en rajouter, et au pas de course !
Après un moment d'hésitation, Maze ajouta :
- S'il te plaît…
Il s'empara du verre.
- Avec un aussi joli sourire en pourboire, c'est avec plaisir, altesse !
- Sa majesté des toxicos ! pouffa Maze.
Il lui rendit son verre après avoir ajouté une bonne rasade de rhum dedans. Il ajouta, plus pour ennuyer Maze que pour vraiment lui faire la morale :
- Vu que t'es complètement dans les vapes, je suppose que t'as pas vraiment besoin de te bourrer la gueule en plus, non ?
- Je fais ce que je veux ! Et puis, dis-toi bien que ça te fait gagner du fric pour TA came !

Fujitaka commençait sérieusement à s'inquiéter. Il faisait les cent pas dans l'appartement sans cesser de regarder la pendule toutes les deux minutes. Il entendit la porte d'entrée claquer et se rua dans le couloir.
- Chuis rentré ! s'écria Toya.
- Tu n'aurais pas vu ta sœur ? s'empressa de demander Fujitaka.
- Quoi elle est pas encore rentrée celle-là ?
- Non, et il commence à être tard. Je suis salement inquiet…
- Faut pas, faut pas. Je vais aller la chercher. Elle doit sûrement être au Kawa et, comme toujours, elle a rencontré un joli garçon.
- Je n'aime pas la voir si frivole. À son âge…
- À son âge, elle a bien le droit de s'amuser un peu ! le coupa Toya, une pointe d'agacement dans la voix. Je reviens dans une demi-heure, avec elle.
- Merci, souffla Fujitaka, soulagé d'un grand poids.
Son fils ressortit en ronchonnant. Mais pourquoi devait-il toujours s'inquiéter de la sorte ? Comme s'il n'avait déjà pas assez de problèmes comme ça que pour en plus se ronger les ongles de peur chaque fois que Sakura était en retard d'une heure ou deux !

- Bon, je sens que je vais y aller, sinon le garde-chiourme va encore me tomber sur le paletot et je vais avoir droit à un savon paternel…
- Trop tard, répliqua Ryo. Il se pointe par ici.
- Il a du flair quand il s'agit de me retrouver pour m'engueuler, ç'ui-là ! Un vrai Berger Allemand ! grogna la recherchée.
Une main empoigna son col, dans sa nuque. Elle leva les bras en l'air et lança sarcastiquement :
- Je me rends ! Vous pouvez me lire mes droits !
- Tu as le droit de me suivre gentiment à la maison sans protester, répondit Toya sur le même ton.
- Tout de suite grand frère ! fit-elle d'un ton faussement enjoué. À la prochaine Ryo ! Et améliore tes coca-rhums !
- C'est ça, à la prochaine, Maze.
Elle se leva et suivit son frère jusqu'à la sortie. Une fois dehors, il lui fit une remarque :
- Tu pues encore l'alcool. T'as battu ton record de cuite ?
- Nan, aujourd'hui je me suis seulement enfilée cinq coca-rhums. Je suis loin de battre mon record.
- Tu peux pas me le rappeler ? soupira-t-il, la tête un peu ailleurs.
- Alors, c'était trois sakés, huit coca-rhums, cinq bières… et deux bières de riz, je pense, énonça-t-elle aussi difficilement que ses derniers exercices de math.
- De quoi assommer un éléphant pendant une semaine, quoi. Bon, ben heureusement que grand frère Toya pense toujours à prendre des bonbons avec lui pour que sa petite sœur chérie soit sage pendant le trajet du retour !
Il lui fila des bonbons à la menthe. Comme à chaque fois, elle en suça cinq ou six d'affilée, histoire de faire disparaître cette haleine d'alcoolo qu'elle se traînait pour le moment. Elle se voyait mal expliquer à son père pourquoi elle empestait l'alcool à dix mètres.
Toya lui demanda de la regarder droit dans les yeux.
- Magnifique ! s'écria-t-il railleusement. En plus, t'as les yeux comme des soucoupes ! Parfait pour draguer en boîte à une heure du mat' !
- Tu peux causer. T'as pas vu les deux jolies têtes d'épingles que tu t'as? Toutes les filles tomberaient sous le charme !
Il ne répondit pas, sachant bien qu'elle avait tout à fait raison. A la guerre froide des coups sournois qu'ils se livraient, elle gagnait bien souvent.

Le frère et la sœur. Complices pour préserver leur père d'une crise cardiaque qui le laisserait sur le carreau, ils s'aidaient mutuellement pour ne lui laisser aucun doute, comme par un exemple un problème d'horaire ou une haleine trop significative. Dans ces cas-là, un faux alibi ou des bonbons sont parfois bien utiles…
L'un héroïnomane et l'autre fumeuse. Une jolie paire de camés que personne ne destinait à ça. Avant " le drame ", ils vivaient dans une belle et grande maison non loin d'une école tout ce qu'il y a de plus correcte et de bonne renommée, dans une petite ville du nom poétique de Tomoéda. Ils menaient une belle vie avec leur père, Fujitaka, un homme parfait, professeur d'archéologie à l'université Towa, à trois stations de bus de chez eux. Sakura avait une chambre coquette, avec de beaux meubles, une télé et des jeux vidéo à profusion sur lesquels Kélo adorait se défouler. Elle travaillait bien à l'école, elle s'amusait avec ses amis… Une vie de rêve, quoi !
Mais tout a basculé le jour où Shaolan, le garçon qui hantait son cœur, est parti pour Hongkong, sous les ordres de sa mère. C'était le début de la "période noire". Peu après ça, son père s'est fait virer de son poste à l'université. Motif : diminution du personnel. Il n'avait pas réussi à trouver du travail dans les environs de Tomoéda, alors ils avaient déménagé dans un appartement de trois pièces à Shinjuku, un des quartiers les plus mal famés de Tokyo. Toya avait trouvé un travail assez rapidement comme gardien de la sécurité, dans une discothèque du coin, le Kawa. Fujitaka, lui, s'était trouvé un petit job d'ouvrier dans une usine, mais il faut bien avouer que ça ne rapportait pas grand chose, surtout en comparaison de ce qu'il gagnait avant.
Dans la nouvelle école de Sakura, les classes étaient immenses, entre cent et cent cinquante élèves. Quand un prof n'arrivait pas à maintenir son autorité, c'était un chahut abominable pendant toute l'heure de cours. Toute seule dans son coin, Sakura ne savait pas comment réagir face à ça. Elle se faisait traiter de péquenaude arriérée par ses camarades, qui ne comprenaient pas comment on pouvait résister à l'envie de faire du boucan. Dans la classe, c'était les garçons qui commandaient. Les filles n'avaient qu'à se tenir en arrière sans les déranger, sinon elles se faisaient immédiatement insulter et tourner en dérision. Le boss, c'était le plus fort. Pour être bien considéré, il suffisait de lui obéir aveuglément. Et ça, c'était bien la dernière chose que Sakura aurait fait…
Elle avait fini par comprendre le jeu et s'y adonnait maintenant avec encore plus d'audace que les autres. Dès qu'une faille se présentait, elle glissait une connerie quelconque juste pour emmerder le prof et ainsi désorganiser le cours à elle seule. En agissant ainsi, elle remontait dans l'estime des autres, d'une façon inversement proportionnelle par rapport à ses profs.
Mais le jour où elle a osé s'attaquer de la sorte au seul prof que même le boss de la classe n'osait pas chahuter, ce fut un triomphe total ! Elle avait détrôné le boss et désormais, c'était elle le caïd de la classe !
Bien évidemment, aussi occupée qu'elle l'était à déranger les cours, elle ne travaillait plus du tout et ses notes s'en ressentaient : elles étaient en chute libre.
Elle n'avait plus aucune scrupule et dépassait les limites sans vergogne. De toute façon, les classes étaient si nombreuses que les profs n'étaient pas en mesure de dire qui a fait quoi. Quand le brouhaha devenait plus général, ils se contentaient de gueuler un coup, mais ne sanctionnaient jamais. Ou alors, ils mettaient un zéro général à toute la classe en attitude, et puis basta.
Le prodige suivant de Sakura fut son entrée fort remarquée dans la salle fumeur. Les élèves du cycle supérieur ont le droit de fumer dans une salle qui leur est réservée, mais pas ceux du cycle inférieur. Or, comme elle était encore dans la cour des petits, elle n'avait logiquement pas le droit d'y mettre le pied. Le jour où elle s'y est pointée, cigarette allumée au bec, au nez et à la barbe des surveillants, son prestige avait encore grimpé de quelques échelons sur l'échelle de la gloire. Et depuis, elle y retournait chaque récré et s'était même fait des amis parmis les habitués.
Pendant tout un temps, Toya avait fait du karaté. Lorsqu'il a vu dans quel quartier ils avaient atterri à Tokyo, il avait eu peur pour sa sœur et lui avait appris son art. Il ne s'était pas douté un instant qu'elle s'en servirait surtout pour prouver sa force à l'école et foutre une raclée à ceux qui lui cherchaient des noises. Elle se plaisait notamment à battre les mecs réputés costauds à la sortie, et, mieux encore, sous les yeux de leurs copains !
En dehors de l'école, elle traînait dans les rues jusque tard le soir. Elle s'ennuyait ferme chez elle, où elle n'avait rien à faire. Mais le problème, c'est qu'à Shinjuku, les bagarres entre gangs faisaient des ravages. Asiatiques contre Noirs, Blancs contre Asiatiques, Blancs contre Noirs… Ils ne se laissaient aucun répit. Au moins, Sakura ne faisait parti d'aucun d'entre eux. La bagarre, elle en avait soupé à l'école, et, même si elle savourait le fait de battre à plate couture les mecs soi-disant imbattables, ce n'était pas trop son truc.
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Canada H
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MessageSujet: Re: Rien ne va plus !   Rien ne va plus ! EmptyLun 17 Juil - 10:48

À force de supplications, elle avait fini par obtenir de son frère qu'il l'emmène au Kawa, la boîte où il travaillait. Elle était interdite aux moins de seize ans, mais ça faisait longtemps que Sakura avait falsifié sa date de naissance sur sa carte d'identité. Et puis, chose pratique, elle faisait bien plus que ses quatorze ans. En plus, Toya savait que c'était assez rare que les gardes vérifient l'âge des gens.
Avec le Kawa, Sakura avait découvert sa première discothèque. Impressionnée par les lumières et la sono, elle s'était assise seule à une table - son frère était de service -, devant un jus de fruit. Au bout d'un moment, le barman lui avait fait signe de venir s'asseoir au bar. Elle y avait été sans hésiter un quart de seconde et avait ainsi fait la connaissance de Ryo, qui essayait toujours de mettre dans les bain les petits nouveaux. Elle s'était liée d'amitié avec lui, et avait bientôt découvert le reste de la bande dont il faisait partie. Il y avait Yakumo, qui s'occupait des lumières, Megumi, une hôtesse, Ash, dit DJ Ashi, Natsuko, une serveuse, Kosuke, un gardien de la sécurité, comme Toya, et le fameux Ryo, le barman. Ils avaient tous dans les vingt ans, mais Sakura ne se sentait pas en état d'infériorité face à eux. Ils s'imaginaient tous qu'elle avait environ seize ans, et puis, elle résonnait déjà comme un adulte.
Au Kawa, certains groupes restaient à part, autour d'une table, et faisaient circuler des trucs bizarres entre eux. Sakura les avait déjà vus, de loin, et en avait discuté avec Ryo.
- Ce sont des camés, avait-il répondu. Ils avalent des comprimés de je ne sais pas trop quoi et ne sont quasi jamais dans leur état normal. Surtout, ne les approche jamais. Ils seraient cap de te filer un truc et tu plongerais illico presto.
Elle savait plus ou moins ce qu'était la drogue. Elle savait surtout que c'était un moyen de s'évader de ce monde, moralement du moins, mais que c'était strictement interdit par la loi. Elle ne se sentait pas du tout attirée par ce truc-là. Elle était bien dans sa peau, tout baignait dans l'huile. Sa vieille amie Tomoyo lui téléphonait tous les soirs, Sonomi s'occupait de leur trouver un appartement décent dans le coin de Tomoéda, en plus d'un travail pour Fujitaka.
Le contrat était presque établit lorsque un nouveau drame s'était abattu sur eux. Un camion qui roulait à contresens, un arbre… Heure du décès : 15h32. La victime avait les troisième et quatrième vertèbres cervicales écrasées, la mâchoire inférieure enfoncée dans le crâne, l'humérus et le tibia gauches fracturés, le péroné droit déplacé, une hémorragie interne au niveau du rein droit et du poumon gauche, une commotion cérébrale et le foie perforé. "Nous n'avons pas pu la sauver." Elle fut identifiée par sa fille et enterrée dans l'intimité de ses proches. Le camionneur fut arrêté et condamné pour homicide involontaire, après que l'enquête menée par le parquet aie reconnu qu'il était fautif. Sur la tombe, on inscrivit : "À toi, Sonomi, de nous montrer le chemin." Divorcé depuis cinq ans, l'ex-mari de la victime avait disparu dans la nature sans laisser de traces. Tomoyo, orpheline, était à la charge de l'Assistance. Elle fut balancée dans un foyer d'accueil… En Europe… Loin de Sakura… Sa meilleure amie qui s'en allait… "Choc profond… Risque de dépression… Besoin de distraction…" C'était le verdict du médecin venu la voir après son évanouissement à l'annonce de la terrible nouvelle du départ de Tomoyo.
Le soir même, elle se souvenait vaguement s'être traînée jusqu'au Kawa. "Besoin de distraction." Elle s'était affalée sur un banc, les yeux secs, le teint livide, le regard perdu dans le néant, hypnotisée. Aucun gars de la bande n'était là. Ils étaient tous en congé.
Elle n'avait rien bu de la soirée. Tout à coup, un mec s'était assis en face d'elle. Un mec bizarre, avec une tronche qui n'inspirait pas confiance. Elle ne l'écoutait pas. Elle saisissait quelques mots au passage : "Problèmes… oublier… herbe… Exctazie…" Elle n'avait pas réagi lorsqu'il lui avait tendu un truc. "Choc profond."Et sans même savoir comment, elle s'était retrouvée en train d'avaler le comprimé que l'autre lui avait donné. Sans penser plus loin. Sans réfléchir. D'après le mec, elle avait avalé de l'Exctazie. Mais elle, elle s'en foutait de ce qu'elle avait avalé. "Risque de dépression."
Le mec avait détalé. Sakura avait nagé dans le brouillard pendant plusieurs heures. Combien exactement, elle n'aurait jamais su le dire. Elle se rappelait être sortie prendre l'air et son frère qui la traînait jusque chez eux. Il l'avait trouvée en train de s'extasier devant deux soi-disant lumières qui lui fonçaient droit dessus. Hallucinations. Il avait tout de suite pigé ce que sa sœur avait fait. Sans même lui demander. Ce n'était pas seulement parce qu'il était son frère. C'était surtout parce qu'il savait très bien reconnaître les camés en tout genre. D'ailleurs, il devait justement aller retrouver les Quatre as…
Le trou dans la mémoire de Sakura s'arrêtait à un moment bien précis. Pour être exact, au moment même où elle avait mis le pied à la station Park. Elle n'oublierait jamais l'horrible impression que lui avait fait cet endroit. Des alcoolos vautrés dans des ordures, des SDF dans des cartons, quelques filles hyper maigres qui traînaient visiblement sans but précis, des mecs qui arpentaient le trottoir, une puanteur horrible qui vous prend à la gorge dès la dixième marche, un guichet miteux, une colonne Maurice couverte d'affiches jaunes de crasse…
Sakura s'était accrochée au bras de Toya, qui avait déjà repéré un des Quatre as. C'était Trèfle. Sans faire attention à sa sœur, qui ne le lâchait pas, il avait soutiré au mec un quart de gramme puis s'était dirigé vers les w.-c. de la station. Il avait laissé sa sœur devant et en était ressorti deux minutes plus tard, l'air beaucoup plus calme.
Sakura ne s'était doutée de rien, jusqu'à ce qu'elle la surprenne sur le fait, deux semaines plus tard. Il lui avait alors tout dit, heureux de savoir que sa sœur le comprendrait, ne serait-ce qu'en partie.
Il était camé, lui aussi. Héroïnomane. Il se piquait à l'héro. Et ça durait depuis presque six mois. Son fric, il l'avait grâce au supplément que sa boîte donnait d'office aux camés. En noir, bien sûr. Pour les surplus, il volait dans les grands magasins. Des petits trucs, faciles à bazarder. Ou alors il jouait parfois les pickpockets, dans la foule. Mais c'était plutôt rare.
- Et toi aussi, maintenant, t'es une camée, avait-il dit à Sakura. Tu vas voir, dans moins de deux mois, t'es accrochée moralement.
- On parie ? avait-elle répliqué.
Le pari fut concluant… pour Toya. Moins de deux mois plus tard, comme il l'avait prédit, Sakura avalait des comprimés comme des bonbons. Elle avait découvert l'autre face du Kawa. Celle des drogués. La vie était belle. Plus de Tomoyo, plus d'appart trop petit, plus de profs, rien.
Elle avait découvert aussi que toute la bande se droguait. Ils avaient voulu le lui cacher le plus longtemps possible et l'éloigner de ça, pour qu'elle ne tombe jamais dedans, mais ils avaient échoué. De toute façon, elle l'aurait fait un jour ou l'autre. Mais plus on commence tard, plus on a de chances de s'en sortir. Si, comme Sakura, on commence à quatorze ans, c'est quasi mission impossible…

- Ça y est papa ! Je l'ai retrouvée !
Fujitaka accourut au triple galop.
- Sakura, j'avais dit onze heures ! Il est une heure et demie du matin !
Sakura prit son air de petite fille sage qui avait désobéi.
- Désolée papa. Ma montre s'est arrêtée et personne ne pouvait me dire l'heure. La prochaine fois, je rentrerai à l'heure, promis.
Fujitaka se calma immédiatement. Il semblait rassuré de savoir que sa fille n'avait pas désobéi volontairement.
- C'est bon pour cette fois. Mais que ça ne se reproduise plus !
- Non papa.
Sakura se retint de ne pas éclater de rire. C'était si facile de lui raconter n'importe quoi ! Il gobait tout. Ça lui rappelait les bobards de son vieux copain Takashi. Dans une vague nostalgie, elle se demanda un court instant s'il continuait d'en raconter à tout va.
- Et maintenant, tout le monde au lit ! s'exclama Fujitaka, l'extirpant de ses pensées.
Sakura fila dans sa chambre et s'enferma dedans, tandis que Toya attendait dans le salon. Comme chaque soir, elle se changea puis alla avertir son frère qu'il pouvait y aller, et attendit sa place que celui-ci ait fait de même de son côté.

Elle avait eu du mal à s'adapter au fait de dormir dans la même chambre que son frère, au début. Surtout que quatorze ans, c'est un âge où on aime bien avoir un petit endroit à soi seul pour rêver librement, sans être tout le temps dérangé par quelqu'un d'autre. Mais finalement, elle s'y était habituée, comme pour tout le reste. Une fois qu'il fût prêt, elle se glissa dans son lit et posa confortablement la tête sur son oreiller. Au moins avait-elle un lit convenable, pas comme la plupart de ses amis qui dormaient sur de vieux matelas défoncés. Elle souhaita bonne nuit à son frère, qui éteignit la lampe, et s'endormit aussitôt en faisant de beaux rêves de drogués...

- Allez, debout la marmotte ! Il est temps de se lever !
Sakura poussa un grognement endormi et s'enroula dans sa couverture.
- Pas encore, Kélo, j'ai sommeil, moi...
Toya soupira et arracha la couverture de Sakura.
- C'est pas Kélo, c'est grand frère ! Allez, debout, tu vas encore être en retard !
Comme elle ne bougeait toujours pas, il lui chatouilla la plante des pieds, ce qui eut pour effet de la faire sauter au plafond en rigolant comme une hystérique.
- Grand frère ! hurla-t-elle, furieuse. Je t'ai déjà dit de ne pas me réveiller le dimanche matin ! Et surtout pas de cette façon-là !
Il haussa les épaules.
- Je te ferais remarquer qu'on n'est plus dimanche matin. On est dimanche après-midi, ma chère !
- Dimanche après-midi ? Depuis quand ?
- Depuis exactement cinq heures et douze minutes.
Elle bondit de son lit, affolée.
- Quoi ? Déjà si tard ? Oh non, je vais pas avoir le temps d'aller à la chasse à...
Elle s'arrêta à temps, croyant que son père était encore là.
- T'en fais pas, la rassura son frère. Il fait des heures sup'.
Sakura souffla un bon coup.
- Mais pourquoi tu m'as pas réveillé plus tôt ? demanda-t-elle hargneusement.
- Essaye toujours de réveiller un éléphant en hibernation, tu verras à peu près ce que ça fait.
Au lieu de se mettre en colère comme elle l'aurait fait autrefois, elle remarqua à son frère :
- Abruti ! Les éléphants, ça hiberne pas !
- À te voir, pourtant, on croirait presque, fit-il négligemment en haussant les épaules.
Sakura n'en démordit pas :
- Si je suis un éléphant, mon cher grand frère, tu dois l'être aussi puisque, malheureusement pour moi, tu es mon frère ! Et, les chiens ne faisant pas des chacals, papa aussi en est un.
Toya éclata de rire.
- Bon, ok petite sœur. T'as gagné, pour une fois ! Mais attention ! La prochaine fois, tu ne t'en tireras pas à si bon compte !
Sakura haussa un sourcil, étonnée que son frère soit de si bonne humeur de son bon matin. Elle se rappela de justesse qu'il était déjà 17h15. Elle poussa son frère hors de leur chambre et s'habilla en quatrième vitesse. En bas, elle eut juste le temps d'avaler un yaourt avant de faire claquer la porte d'entrée.Toya secoua doucement la tête, déçu par le "au revoir" manquant de sa sœur. Celle-ci, justement, rouvrit la porte un instant, juste le temps de lancer le "à tout à l'heure !" qui lui faisait défaut.
- Incorrigible celle-là, pensa Toya en souriant.

- Pardon madame. Il me manque cent yens pour mon ticket de métro. Vous pourriez pas me les donner s'il vous plaît ?
- Mais bien sûr mon petit !
La dame farfouilla un instant dans son sac et en extirpa une pièce de 100 yens, qu'elle tendit à Sakura.
- Merci beaucoup madame ! Vous êtes bien gentille !
- Mais c'était avec plaisir, assura la vieille dame.
Elle s'éloigna et Sakura ricana sous cape. Mais qu'ils étaient faciles à attraper, tous ces richards naïfs !
Une autre personne visiblement bien lunée arriva, et elle recommença son manège.
Faire la manche était son moyen pour gagner tout le fric que lui coûtait sa came. Elle était passée maître en l'art de mettre en confiance les pigeons, histoire de leur piquer "les cent yens manquant pour son ticket de métro". C'était plutôt un ticket vers son prochain voyage psychédélique, oui ! Au moins, c'était un moyen propre et efficace, quoique plutôt lent et nécessitant pas mal de patience. Mais comme ses comprimés ne lui coûtaient pas encore trop cher, elle arrivait largement à réunir la somme nécessaire.
Elle harponna de justesse un vieux mec visiblement plein aux as et l'aida à porter son sac de courses, ce qui lui valu des remerciements et une beau billet en prime.
______________________________

La suite dans deux jours ^-^
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Meiko Harada
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MessageSujet: Re: Rien ne va plus !   Rien ne va plus ! EmptyJeu 20 Juil - 9:37

Chapitre 2 : Désobéissance

- Ouvre cette porte !
- Non !
- Ouvre cette porte je te dis !
- Je n'irai pas !
- Espèce de tête de mule ! Que dirait ton père s'il te voyait ?
- Mon père, il est mort et enterré en me laissant toutes les responsabilités de l'homme de la famille sur le dos, merci ! Je ne veux plus entendre parler de cet idiot !
- Comment oses-tu l'insulter de la sorte ?! Ouvre-moi cette porte immédiatement, c'est un ordre !
- Je n'ai plus d'ordre à recevoir de personne !
Yelan fulminait de rage. Elle avait une envie d'enfoncer cette porte pour lui mettre sa main dans la figure !
- Shaolan, tu seras privé de dîner !
- Je préfère encore mourir de faim que d'aller m'entraîner !
- Tu dis ça, mais tu verras : dès que ton estomac se fera entendre, tu changeras d'avis !
- On parie ?
Shiehua s'interposa timidement.
- Mère, je vous conseillerais de ne pas le provoquer. Têtu comme il est, il serait capable de faire une grève de la faim. Calmez-vous et laissez-le faire de même de son côté. Il nous reviendra doux et obéissant comme un agneau.
Yelan se calma un peu et alla passer ses nerfs sur les bonnes qui préparaient à manger.
Shiehua soupira en la voyant s'éloigner. Elle appela ses sœurs, qui attendaient dans leurs chambres, à l'affût du moindre signal. Une fois qu'elles furent toutes là, elle toqua à la porte.
- Pas la peine d'insister ! Je n'irai pas ! fut la réponse immédiate.
- Frérot, c'est les filles.
- Qu'est-ce qui me le garanti ?
Elle siffla les quatre notes qu'elle, ses sœurs et son frère utilisaient dans le dos de leur mère pour se reconnaître. Shaolan leur ouvrit la porte avec méfiance. Rassuré de voir que c'était effectivement ses sœurs aînées, il les laissa entrer dans sa chambre et s'assit sur son lit, ses jambes ramenées contre sa poitrine.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Shiehua, tu lui expliques, s'il te plait ? proposa Huaren, la troisième.
Pour toute réponse, l'aînée de vingt-deux ans extirpa de son décolleté une enveloppe de taille moyenne. En voyant son frère rougir, elle se justifia sur l'endroit où le pli était gardé :
- Je voulais pas que la mater [mère] tombe dessus. Elle serait capable de fouiller mes poches !
Elle lui tendit l'enveloppe avec un petit sourire mystérieux et il l'ouvrit d'un oeil curieux. Dedans, il y avait un billet d'avion. Il le sortit et regarda la destination. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine.
- Tomoéda, Japon... lut-il en un souffle.
Il se retint de pousser un cri de joie de peur d'alerter sa mère et se jeta tout bonnement au cou de Shiehua, chose qu'il n'avait jamais fait auparavant.
- Merci, merci, merci, bégaya-t-il, des larmes de joie roulant sur ses joues
Un peu surprise, Shiehua répliqua :
- Remercie un peu les autres aussi. On s'est cotisées pour te l'offrir.
Il la lâcha et se rua dans les bras des trois autres en même temps, ce qui créa une jolie bousculade.
- Oh, du calme ! s'écria Futeie, la seconde de dix-neuf ans bien sonnés. Ce n'est pas fini !
Shaolan se rassit sur son lit, un énorme sourire séparant son visage en deux.
- C'est bien beau d'avoir le billet d'avion, mais comment tu vas faire pour berner la mater, hein ? demanda Hueimei, la petite dernière du quarto infernal, qui avait quand même quinze bougies sur son gâteau. On y a réfléchi toutes ensembles et on a mis au point un plan de bataille précis.
- On, on... Le "on", c'est surtout toi, corrigea Huaren, de un an son aînée.
- J'y peux rien si vous n'avez aucune stratégie, moi ! répliqua Hueimei.
- De toute façon, c'est un travail d'équipe, conclut Shiehua. Et chacune a eu son mot à dire.
- Alors, pour masquer ta fugue à la mater le plus longtemps possible, il nous fallait ta voix, les coupa Futeie.
- Problème rapidement résolu, la coupa à son tour Hueimei en copiant à la perfection la voix de son frère. On avait imaginé raconter à la mater que, à cause de ta bouderie longue durée, tu resterais enfermé dans ta chambre pendant une bonne semaine. Shiehua serait chargée de t'apporter à bouffer dans ta chambre et moi, en passant par la fenêtre sans me faire voir par la mater, je jouerais ton rôle puisque toi, évidemment, t'auras pris la poudre d'escampette depuis belle lurette.
- On avait compté qu'on pourrait tenir environ une semaine, voire même peut-être plus, calcula Huaren. Mais maintenant, elle pourrait s'apercevoir immédiatement de la supercherie.
- Quant à moi, intervint Futeie, je t'accompagne à l'aéroport dès demain et je m'occupe de tout ce qui est formalités à remplir. Puisque je suis majeure, je n'aurais aucun problème, surtout que je me suis renseignée sur la démarche à suivre et les papiers dont je vais avoir besoin.
- Et moi, fit fièrement Huaren, j'ai un voyage scolaire de prévu au Japon ! À Tokyo, pour être précise ! Donc, au cas où t'aurais un petit problème, n'hésites pas à m'appeler, j'arriverais à convaincre mes profs que mon p'tit frère à des problèmes à Tomoéda. Ou alors, je fais comme toi : je me barre !
Shaolan n'en croyait pas ses oreilles. Ce serait la première fugue aussi bien organisée de toute l'histoire de la Chine ! Restait un seul petit problème :
- Et je loge où moi ?
Shiehua sortit une autre feuille de papier où une adresse était inscrite.
- J'ai téléphoné à ton ancienne école pour demander l'adresse d'un de tes copains de classe, un certain Yamazaki dont tu n'arrêtais pas de parler. Je l'ai contacté en lui demandant s'il voulait bien t'héberger pendant un certain temps, et la réponse est : oui, avec plaisir !
- Loger chez Yamazaki ? Pourquoi pas chez Daidoji ?
Un nuage passa sur le front de sa sœur.
- Ce... Ce n'était pas possible, bredouilla-t-elle. Elle...
- Elle héberge déjà quelqu'un ! fit Huaren, la sortant d'affaire.
Shaolan, toujours aussi crédule qu'avant, ne se douta de rien.
Ses sœurs le mirent au courant des derniers détails et le laissèrent ensuite digérer sa joie et faire son sac. Futeie viendrait le chercher le lendemain matin à 2h30, pour être sûr que leur mère ne serait pas levée, et l'emmènerait à l'aéroport. L'avion était pour 7h00, et ils auraient donc tout leur temps pour s'occuper des formalités à remplir.
À l'heure dite, Futeie siffla tout doucement les quatre notes à la porte de son frère. Celle-ci s'ouvrit à l'instant même et Shaolan apparut, l'air rayonnant et en pleine forme.
- Bien dormi petit frère ? demanda-t-elle tout bas.
- Euh... à vrai dire, j'étais tellement heureux de partir que j'en ai oublié de dormir, répondit-il en se frottant l'arrière de la tête, visiblement l'air très gêné.
- Tu as tes affaires ?
Il lui montra le sac qu'il tenait à la main.
- Hueimei va pas être très contente que sa garde-robe se fasse la malle, fit-elle en rigolant sous cape.
- Je lui ai laissé des vêtements, chuchota-t-il. Un très petit remerciement par rapport à ce qu'elle a fait pour moi, ainsi que les autres, mais je me suis dis que ça lui ferait plaisir. Et puis, je n'allais quand même pas tout prendre.
Sa sœur hocha du chef, signe qu'elle approuvait son choix. Elle lui tendit son manteau et enfila le sien, avant de descendre sur la pointe des pieds, talonnée par Shaolan. Elle ouvrit la porte d'entrée. Il sortit sans un regard en arrière, sans un regret, sans un pincement au cœur, rien. Rien que le bonheur d'enfin quitter cette maison maudite qui inondait son cœur et le faisait battre à cent cinquante.
Futeie le regarda sortir avec une certaine tristesse, qu'elle s'empressa de balayer pour ne plus penser qu'à la joie que ce départ lui procurait. Son petit frère devenait grand, il s'envolait de ses propres ailes pour rejoindre sa tourterelle... Et elle et ses sœurs se devaient de l'accompagner dans ses décisions, puisque leur mère ne s'acquittait pas de cette tâche, et même pire, se mettait entre lui et ses rêves et l'empêchait de les réaliser.
- Mère indigne, susurra-t-elle avec une pointe de haine dans la voix.
- Tu disais quelque chose ? demanda Shaolan en la sortant de ses pensées.
- Non, non ! Bon, on y va ?
Elle brandit fièrement un trousseau de clé. Shaolan parut fort étonné :
- T'as piqué les clés de la mater ?! T'es gonflée ! Et si tu te fais prendre, tu fais quoi ?
- Ne sois pas aussi pessimiste ! Elle roupille ferme ! Et je serai largement rentrée à l'heure de son réveil. Allez, embarque !
Elle ouvrit la voiture de leur mère et poussa Shaolan dedans. Elle s'assit à la place conducteur, mit le contact et prit la route de l'aéroport.
- Depuis quand as-tu ton permis de conduire ? demanda son frère, légèrement inquiet.
- Je l'ai passé y'a pas longtemps.
- Je savais pas que tu savais conduire moi !
- Ben, à vrai dire, t'es le premier à le savoir, précisa-t-elle avec un clin d'œil. La mater voulait pas que je le passe, mais je l'ai fait dans son dos, alors pour éviter les problèmes, je l'ai dit à personne.
Shaolan pâlit un peu et s'accrocha à son siège. Après un petit silence, Futeie proposa :
- Tu voudrais pas faire un petit tour dans la ville ? Puisque tu ne vas pas revenir avant un bout de temps, tu pourrais en profiter...
Il réfléchit un instant.
- J'aimerais surtout aller voir Kazumo, admit-il.
- Il doit roupiller à l'heure qu'il est...
- Je le réveillerai, conclut-il avec un clin d'œil.
Kazumo n'était autre que l'ami d'enfance de notre fugueur. En fait, il était surtout son baby-sitter quand sa mère allait quelque part avec ses quatre sœurs.
Âgé de seize ans à la naissance de Shaolan, il en avait maintenant vingt-neuf, mais s'entendait toujours bien avec lui, qu'il considérait un peu comme son petit frère. En retour, il remplaçait un peu le père que son protégé n'avait jamais eu. Pour lui, Shaolan n'avait aucun secret, sauf pour la magie. Mais il se doutait que le "petiot", comme il se plaisait à l'appeler, n'était pas comme le commun des mortels. Il se dégageait de lui une impression de froid, de rigueur et de sérieux qui ne lui échappait pas. Pourtant, cette impression se réchauffait et s'animait lorsqu'ils étaient ensemble, signe que le petiot le considérait vraiment comme un grand ami.
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Meiko Harada
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MessageSujet: Re: Rien ne va plus !   Rien ne va plus ! EmptyJeu 20 Juil - 9:37

Lors du départ de Shaolan pour le Japon, il avait eu le pressentiment que quelque chose de spécial allait lui arriver. Il se doutait qu'il allait enfin se trouver d'autres amis que lui, de vrais amis sur qui il pourrait compter. Et il avait le vague sentiment qu'il allait aussi trouver l'âme sœur. Tout ça, il l'avait su avant qu'il ne vienne le lui raconter, à son retour. Il se rappelait très bien comment il était entré en trombe chez lui, dès son retour, sans même frapper avant d'entrer, et s'était jeté dans ses bras en pleurant comme une fontaine. À propos décousus, il lui avait raconté les deux ans qu'il avait passé là-bas, loin d'ici et loin de lui. Et depuis, chaque fois qu'il avait des problèmes avec sa mère, il venait lui parler. C'était son confident, son consolateur.
Kazumo ne dormait pas. Il savait que quelque chose d'inhabituel allait se passer, et ce pressentiment l'avait tenu éveillé toute la nuit. Un bruit à sa fenêtre l'avertit que ce qu'il redoutait tant allait arriver. Il ouvrit sa fenêtre et découvrit son protégé, un caillou à la main.
- Je viens t'ouvrir, s'empressa-t-il de dire.
Une fois la porte d'entrée ouverte, Kazumo pu remarquer l'expression heureuse qui se lisait sur le visage de Shaolan. Inversement, Shaolan lu celle inquiète de son protecteur.
- Kazumo, je veux juste te dire au revoir.
- Tu pars ? s'étonna celui-ci.
- Oui. Je retourne au Japon.
- Mais... et ta mère ?
- Mes sœurs s'occuperont de la berner un certain temps...
- Mais c'est une fugue ça ! s'exclama Kazumo.
- On peut effectivement dire que c'en est une, avoua Shaolan. Je voulais aussi te donner ça.
Il lui tendit un morceau de papier.
- C'est le numéro de mon portable. En cas d'urgence...
Kazumo le serra brusquement contre lui. Shaolan, surpris, se laissa faire.
- Bonne chance petiot...
Il le relâcha et Shaolan s'éloigna de quelques pas, avant de s'enfouir en courant pour rejoindre la voiture où Futeie l'attendait patiemment. Il se précipita dedans, claqua la portière et cria presque, fou de joie :
- Et maintenant, à l'aéroport !
- Chef, oui chef ! répondit Futeie en éclatant de rire.
Elle mit le moteur en route et ne s'arrêta pas avant d'avoir atteint le parking de l'aéroport.
Tout se passa exactement comme prévu. Les contrôleurs ne virent aucune objection à ce que Shaolan voyage seul et Futeie se dépêcha de remplir toutes les paperasses nécessaires, tant et si bien qu'à 7h00, Shaolan attachait sa ceinture comme tous les autres passagers pour ce vol en direction de Tomoéda...

- Comment ça partie ?!
- Ben partie comme partie ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ?
- Où ? Et pourquoi ? Elle a bien dû te le dire non ?
- Tout ce que je sais, c'est qu'elle est quelque part à Tokyo.
Shaolan baissa les bras, découragé :
- Mais c'est énorme Tokyo ! Autant chercher une aiguille dans une botte de foin !
- Pas sûr, répliqua Takashi. Je sais que l'école a sa nouvelle adresse.
- Tu pouvais pas le dire plus tôt non ?!
- Oh, du calme ! C'est pas sûr qu'ils accepteront de nous la donner.
Shaolan se rassit sur sa chaise, refroidit par cette phrase.
Depuis trois heures qu'il était chez Takashi, ils avaient eu tout le temps nécessaire pour se raconter les derniers potins. Lorsque Shaolan avait attaqué le sujet "Sakura", Takashi s'était renfrogné, sachant bien que la nouvelle qu'il allait lui annoncer n'allait pas beaucoup lui faire plaisir.
- Et Daidoji, elle l'a pris comment, ce départ ?
- Très mal. Au début, on a eu droit à la dépression. Puis finalement, elle s'y est fait et s'est contentée de lui téléphoner tous les soirs…
- Mais elle a son numéro alors ! l'interrompit Shaolan.
Takashi hésita sur les termes à employer :
- Disons qu'elle l'avait…
- Comment ça ? demanda Shaolan, soudain inquiet. Ne me dis pas que…
- Oh non, le rassura Takashi. Non, elle n'est pas morte ! Pas elle…
- Pas elle ? répéta Shaolan, toujours aussi inquiet. Ce n'est pas Sakura quand même ?!
- Non plus, non plus. C'est la mère de Daidoji qui est morte. Accident de voiture. Et comme le père de Daidoji avait disparu de la circulation depuis un bout de temps, elle a été prise en charge par l'Assistance, qui lui a trouvé une famille d'accueil… En Europe…
La nouvelle s'abattit sur Shaolan avec autant de violence que le couperet d'une guillotine. Daidoji… Tomoyo… En Europe… Il se souvint de l'hésitation de ses sœurs à propos d'elle, et maintenant il comprit pourquoi.
- Ça va Li ? s'enquit Takashi, le voyant pâlir.
- Ça… ça va… Mais alors, il n'y a plus que l'école pour nous donner la nouvelle adresse de Sakura ?
- Oui. À moins qu'elle ne l'ait donnée à quelqu'un d'autre. Ce qui m'étonnerait beaucoup…
Shaolan resta pensif un instant. Sakura partie… l'école connaissait son adresse, mais ne voudrait peut-être pas la donner… Tomoyo orpheline en Europe… Numéro de téléphone… Téléphone ? Téléphone ! Il releva la tête tellement brusquement que Takashi en fut effrayé.
- Le téléphone… murmura Shaolan sans faire attention à Takashi. Le téléphone… SON téléphone !
- Euh… Un problème Li ? demanda Takashi, apeuré par cette attitude bizarre.
- Yamazaki, tu saurais pas si Daidoji a un téléphone portable ? demanda précipitamment Shaolan.
- Attends que je réfléchisse… Si, il me semble bien qu'elle en avait un.
- Comment ?
- Petit, rose, avec des décorations en forme d'étoiles, de soleils… Et je crois bien qu'il y avait aussi de petites ailes…
Shaolan sortit de son sac son propre portable.
- C'est bien celui-là, confirma Takashi. Mais comment ça se fait que tu as le même ?
- Cadeau de sa part, grommela-t-il, pianotant sur son clavier numérique. Ca y est ! Je l'ai !
Takashi regarda par-dessus son épaule. Sur l'écran du portable s'affichait un numéro.
- C'est le numéro de qui ?
Le regard de Shaolan pétillait :
- Celui de notre chère petite Daidoji...
Takashi lui fit de grands yeux :
- T'as son numéro ?!
- On dirait bien…
- Et t'as pas celui de Sakura non plus par hasard ?
Shaolan se renfrogna :
- Je l'avais, mais impossible de la joindre depuis que je suis partie. Elle a dû changer de numéro sans m'avertir.
Il jeta un coup d'oeil à sa montre :
- 18 heures 30. Je l'appelle, décida-t-il.
Takashi ne répliqua pas. Shaolan composa le numéro, le cœur battant. L'absence de tonalité l'inquiéta un moment, et une voix enregistrée lui disant que ce numéro n'existait plus acheva de consumer ses maigres espoirs. Il raccrocha, la mine défaite. Takashi ne lui posa pas de questions, se doutant bien de ce qui s'était passé.
- On ira demander son adresse demain à l'école, proposa-t-il.
- Rectification : TU iras leur demander son adresse !
- Pourquoi ? T'as peur du dirlo ? rigola Takashi.
- Non. C'est seulement que je ne suis pas inscrit, répondit-il le plus calmement du monde.
Takashi fronça les sourcils.
- Pas inscrit ? Mais il va y avoir un trou dans ton dossier scolaire alors ! Pourquoi ta mère ne t'as-t-elle pas inscrit ?
Shaolan se mordit la lèvre. Sa sœur avait raconté à Takashi que c'était sa mère qui l'avait envoyé au Japon, mais que pour très peu de temps. Elle n'avait donc pas vu la nécessité de prendre un hôtel et avait préféré la solution pratique de le faire loger chez un de ses anciens amis.
- Euh, Yamazaki, faut que je te dise un truc, hésita Shaolan.
- Quoi donc ?
- Ben… c'est pas ma mère qui m'a envoyé ici… En fait…
Takashi s'inquiétait de plus en plus en le voyant autant hésiter.
- En fait j'ai fugué, voilà ! termina Shaolan.
Takashi n'en croyait pas ses oreilles.
- Fugué ? Mais… et le coup de téléphone de ta sœur alors ?
- Ce sont mes sœurs qui m'ont aidé à partir. Sans elles, je n'aurais jamais pu le faire.
Takashi ne savait pas quoi dire. Il n'aurait jamais imaginé que Shaolan, ce garçon si respectueux de sa famille, avait fugué. Une fugue, ça impliquait la police, des recherches, une enquête ! Et s'il était découvert, ça allait lui retomber dessus !
Mais finalement, ça lui plaisait assez cette histoire. Enfin quelque chose de neuf dans cette vie monotone ! Un peu d'action ne lui ferait pas de mal après tout.
Il sourit :
- Ok, je te garde ! J'espère seulement que Chiharu ne fera pas trop d'histoires…
Au moment où il disait ces mots, la porte d'entrée claqua et Chiharu fit son apparition dans le salon, les bras chargés de sacs de provisions.
- Bonsoir Taki !
- Ah, Chiharu ! Attends, je viens t'aider ! s'écria-t-il en se précipitant pour l'aider à porter ses sacs. Au fait, nous avons de la visite.
Chiharu vit effectivement Shaolan assit sur le sofa du salon, les yeux grands comme des assiettes à soupe.
- Bonsoir Li ! Que nous vaut ta visite ?
Shaolan secoua vigoureusement la tête.
- Euh… C'est une longue histoire, répondit-il en rougissant un peu.
Devant cette expression, Chiharu fit une remarque qui n'était pas beaucoup pour le rendre plus à l'aise :
- À voir ta tête, y'a de la Sakura sous roche, non ?
Il rougit encore plus, mais sans oser protester.
- Bien vu ma China ! Et figures-toi que notre cher Li ici présent n'a pas hésité à fuguer pour retrouver sa petite fleur de cerisier…
- Comme c'est romantique ! s'écria Chiharu, les yeux pleins de cœurs.
Puis, changeant brusquement de ton et lançant un regard assassin à Takashi :
- C'est pas toi qui ferait ça, hein ?
Takashi la prit de dos et l'entoura de ses bras :
- Tu sais très bien que non. Parce que moi, je ne te laisserai pas partir…
Shaolan les regardait, le regard pétillant :
- Vous savez que vous êtes mignons tous les deux ?
- Tous les deux ? demanda Chiharu, incrédule. Tu veux dire que MOI je suis mignonne ! Lui, on dirait un monstre pervers !
Ils éclatèrent tous de rire. Ils n'avaient pas beaucoup changés tous les deux, si ce n'est que Chiharu avait déclaré que ses deux tresses faisaient décidément trop gamine. Elle laissait désormais ses cheveux flotter au vent, ce qui n'était pas pour déplaire à Takashi qui en profitait pour passer sa main dedans dès qu'il en avait l'occasion.
Leur relation s'était dévoilée après le départ de Shaolan. Ils avaient vu, et même ressenti, la douleur de Sakura parce qu'elle avait laissé s'éloigner la personne qu'elle aimait. Et eux ne voulaient pas faire la même chose. Aussi n'avaient-ils pas hésité à annoncer à leurs parents respectifs - qui se connaissaient d'ailleurs très bien - qu'il n'y avait pas seulement de l'amitié entre eux deux. Les parents s'en doutaient un peu, aussi n'ont-ils fait aucune objection.
Chiharu les laissa un peu - entre garçons, avait-elle dit - pour ranger les courses. Takashi la suivit du regard.
- Euh, Yamazaki… hésita Shaolan.
- Oui ?
Shaolan rougit un peu :
- Tu… Vous… Enfin, vous habitez ensembles ? Toi et…
Il lui sourit :
- Oui. En fait, c'est plutôt un hasard, ce n'était pas prévu. Mon grand-oncle paternel est mort il n'y a pas longtemps, laissant cet appartement inhabité. Il devait revenir à quelqu'un de la famille. Mais comme tout le monde était bien chez lui, personne n'a voulu déménager. Aussi a-t-on tiré au sort à qui il reviendrait. Et c'est sur moi que c'est tombé. Mes parents m'ont proposé de venir y habiter avec Chiharu, et moi j'ai pas su refuser.
- À te voir, on dirait bien que ça ne tu ne regrettes pas trop, ajouta Shaolan en souriant.
Chiharu revint à ce moment, et Takashi en profita un peu pour la taquiner :
- Oh que si je regrette ! Tu ne peux pas savoir ce que c'est fatiguant d'avoir une pareille maniaque dans les pieds toute la journée ! T'as même plus le droit de zapper de peur de salir la télécommande !
Elle vint s'installer sur ses genoux :
- Mais si je ne fais pas le ménage, qui le fera ? Pas un gros paresseux comme toi j'imagine !
- J'en suis tout à fait capable !
Elle se blottit contre lui :
- Menteur.
- Garce.
Shaolan éclata de rire. C'était clair qu'ils s'aimaient, ces deux-là ! Et lui… Lui… Lui il était visiblement destiné à ne pas revoir sa petite Sakura.
Chiharu avait remarqué la mine triste de son invité. Elle décida de lui changer les idées le plus possible :
- Tu vas voir, Li, on va bien s'occuper de toi ! D'ailleurs, demain, vous aurez droit à un menu spécial pour fêter ton arrivée !
- J'ai intérêt de bien manger aujourd'hui pour pouvoir jeûner demain moi, chuchota Takashi en faisant le signe de croix.
- De quoi ?! hurla Chiharu, furieuse.
Takashi rigola, bientôt suivit par Shaolan et Chiharu.
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Meiko Harada
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MessageSujet: Re: Rien ne va plus !   Rien ne va plus ! EmptyLun 24 Juil - 0:17

Chapitre 3 : Angleterre

Elle pianotait sur son clavier, sans trop faire attention à l'écran qui défilait. Elle enfonça vigoureusement la touche "Enter" et changea de fenêtre un instant. Elle revint sur sa première fenêtre et examina les résultats de sa recherche. Elle secoua la tête, déçue, et ferma la fenêtre. Un soupir lui échappa.
- Tomoyo ?
Elle se retourna sur sa chaise et lança en anglais :
- Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Dimitri hésita un instant.
- Non, rien.
Elle haussa un sourcil, puis retourna à son écran sans plus faire attention à Dimitri.
Il tenta de se replonger dans son journal, mais il n'y arrivait pas. Cette petite Japonaise était étrange. Il ne la comprenait pas très bien. Bien sûr, il y avait la différence de langue. Elle était obligée de parler anglais, parce que c'était la seule langue qu'il comprenait et qu'elle savait parler. Mais il y avait quelque chose en plus. Une impression bizarre... Comme si elle disait à chaque fois le contraire de ce qu'elle pensait, tout en voulant être sincère... Depuis deux mois qu'elle était chez lui, elle ne lui parlait quasiment pas. Juste pour dire l'essentiel. Il connaissait son passé et savait quelles souffrances elle avait dû endurer. Et le pire, c'est qu'il ne pouvait rien faire face à ça...

- Yamazaki !
Il passa la tête dans l'embrasure de la porte.
- Oui ?
- Je peux utiliser ton ordinateur pour aller sur Internet ?
- Bien sûr ! Tu peux y aller autant que tu veux !
- Merci !
Shaolan retourna à l'ordinateur qu'il avait trouvé dans la chambre et l'alluma. Il se connecta à un site qu'il avait l'habitude de fréquenter pour son système de dialogue. Il entra son pseudo et arriva sur la fenêtre sans encombre.

Un nouvel arrivant fit réagir Tomoyo. Elle fronça les sourcils. Elle ne se souvenait pas de l'avoir déjà vu, mais son pseudo lui disait quelque chose...
- Aquadragon... Aquadragon...
- Tu disais Tomoyo ?
- Non, rien, s'empressa de répondre Tomoyo.
Elle avait trouvé ce que lui rappelait ce mot. Aquadragon était l'incantation que Shaolan utilisait pour le dieu de l'eau ! Ce n'était sûrement qu'une coïncidence, mais il valait mieux vérifier...

Shaolan se fit immédiatement prendre en privé par un certain Tomaidji.
<Tomaidji> quel âge as-tu, si ce n'est pas indiscret ?
<Aquadragon> 13 ans. Et toi ?
<Tomaidji> itou. Et tu viens d'où ?
Il hésita. Soit il mettait Hongkong, soit il mettait Tomoéda. Il opta pour Hongkong.
<Aquadragon> Hongkong. Et toi ?
Tomoyo éluda la question. Son coeur battait à cent à l'heure. Elle poursuivit fébrilement son interrogatoire.
<Tomaidji> t'es bien un garçon ?
Il s'étonna.
<Aquadragon> oui. Mais comment t'as deviné ?
Tomoyo sourit devant son écran. Elle avait une chance sur mille de se tromper de personne. Mais elle préférait quand même vérifier.
Elle changea un instant de pseudo pour "FleurDeCerisier", puis reprit son "Tomaidji".
<Tomaidji> et comment tu réagis face à ça ?
Shaolan sentit son coeur exploser dans sa poitrine. Il avait un mal fou à écrire sa réponse tant il était excité.
<Aquadragon> Sakura ?
Tomoyo jubilait. Elle ne s'était pas trompée !
<Tomaidji> non pas Sakura, Tomoyo
Shaolan se calma d'un seul coup. Il avait retrouvé le contact avec Daidoji. Il était content, mais un peu déçu que ce ne fut pas Sakura.
<Aquadragon> moi c'est Li, mais je suppose que t'avais deviné
<Tomaidji> comment ça va, Li ?
<Aquadragon> pas terrible. Je viens d'apprendre le départ de Sakura
<Tomaidji> mon pauvre. T'es à Hongkong là ?
Shaolan eut un petit pincement au coeur.
<Aquadragon> non non, je suis à Tomoéda
Tomoyo était toute contente, face à son écran.
<Tomaidji> alors ta mère t'a laissé revenir ?
Nouveau pincement au coeur pour Shaolan.
<Aquadragon> c'est pas tout à fait ça...
Toujours aussi perspicace, Tomoyo devina qu'il avait fait quelque chose de pas très bien.
<Tomaidji> aurais-tu fugué par hasard ?
<Aquadragon> en plein dans le mile
Shaolan en avait marre de faire tourner la conversation autour de lui. Il changea de sujet.
<Aquadragon> et toi, t'es où ?
<Tomaidji> en Angleterre
<Aquadragon> tu peux rendre visite à Eriol alors !
<Tomaidji> je suis à Manchester, à environ 300 km de Londres. Et puis, je ne connais pas son adresse exacte
<Aquadragon> ça c'est facile ! J'ai qu'à demander à l'école, ils doivent l'avoir !
<Tomaidji> oui, sûrement
<Aquadragon> et à part ça, c'est beau l'Angleterre ?
<Tomaidji> tu sais, ça fait seulement 2 mois que je suis ici
Shaolan s'étonna.
<Aquadragon> mais t'étais où avant ?
Nouveau soupir de la part de Tomoyo.
<Tomaidji> Dans l'ordre : Lille, en France, Munich, en Allemagne, Pise, en Italie, Amsterdam, aux Pays-Bas et Lisbonne, au Portugal
Shaolan siffla d'admiration.
<Aquadragon> ça t'en fait du voyage !
<Tomaidji> c'est le seul point positif que j'ai pu retirer de cette constatation
<Aquadragon> au moins tu pourras te vanter d'avoir visité l'Europe de part en part
<Tomaidji> 6 emplacements en moins d'un an, c'est une belle visite en effet
Le revers de la médaille frappa Shaolan de plein fouet. Six emplacements en moins d'un an, ça voulait dire, pour Tomoyo, moins de deux mois dans chaque famille d'accueil...
Tomoyo sourit tristement devant son écran.
<Tomaidji> je suppose que tu voudrais avoir l'adresse de Sakura
Shaolan revint à la réalité.
<Aquadragon> oui j'aimerais bien
Un sourire sadique fit son apparition sur le beau visage de Tomoyo.
<Tomaidji> hé bien je ne la connais pas !
Elle lui avait rendu la monnaie de sa pièce. Il lui avait fait rappeler les mauvais souvenir de cette dernière période, ce qui l'avait fait souffrir. A lui d'avoir un peu mal ! Peu désireuse de continuer cette conversation, elle se déconnecta aussitôt après, laissant Shaolan terriblement déçu derrière elle.

- Hé bien Tomoyo ? Tu arrêtes déjà ? lui demanda Dimitri, étonné de la voir quitter son ordinateur aussi vite.
- Plus envie, grommela-t-elle.
- Tomoyo ! Faut que tu mettes la table ! cria Rébecca depuis la cuisine.
Tomoyo poussa un énorme soupir et se dirigea en traînant les pieds jusqu'à la cuisine chercher les assiettes et les verres. Rébecca la regarda faire, les poings sur les hanches.
- Tente d'être plus enthousiaste dans ce que tu fais, jeune fille.
- Urusei [Ferme-la], siffla Tomoyo entre ses dents.
- Pardon ? fit Rébecca. Je t'ai déjà dit de ne plus parler en japonais !
Tomoyo se retourna brusquement vers elle :
- Je disais : Shut up !
Rébecca resta estomaquée devant autant d'impolitesse. Tomoyo en profita pour grimper les escaliers quatre à quatre et se barricader dans sa chambre. Dimitri entra dans la cuisine et constata l'absence de Tomoyo.
- Hé bien, soupira-t-il, ça va être plus dur que ce que je pensais...

Dans sa chambre, couchée sur son lit, le visage enfouit dans son oreiller, Tomoyo pleurait. Tous les souvenirs qu'elle avait réussi à faire taire en elle resurgissaient avec tellement de violence qu'elle n'aurait pas pu retenir ses larmes. Peut-être était-ce parce qu'elle avait parlé à Shaolan que tout lui retombait dessus comme ça... Elle était sûre que non. Il y avait autre chose. Une chose que jamais elle n'aurait pu oublier...
- Ma petite Sakura, sanglota-t-elle, ça fait six ans jour pour jour que nous nous connaissons, et c'est la première fois que nous ne fêtons pas ça ensemble...
Elle se releva en larmes et alla chercher son coffre à trésor. Elle en sortit la petite gomme que Sakura lui avait donnée, soigneusement enveloppée dans un petit sac de velours. Elle sortit la gomme de son étui et la serra contre son coeur, exactement comme Sakura le faisait avec l'ourson de Shaolan longtemps encore après le départ du garçon.
- Tomoyo ! l'appela Rébecca depuis la cuisine. Viens manger !
Tomoyo sécha ses pleurs d'un revers de manche. Elle maudissait cette Rébecca ! Elle était tellement sévère avec elle ! Elle ne comprenait pas qu'un an, ce n'était pas assez pour se remettre de la mort de sa mère !
Elle grommela une réponse et descendit les escaliers presque en se laissant tomber sur chaque marche. Rébecca l'attendait en bas, les poings sur les hanches comme à son habitude, et la réprimanda vertement :
- Allons donc, on croirait un bébé éléphant à moitié endormi ! Arrête donc de traîner les pieds et va te laver les mains !
Tomoyo se mordit les lèvres pour ne pas lui sortir une réplique et lui obéit, sans pour autant lever plus les pieds en se traînant jusqu'à la cuisine.
Elle le faisait exprès, juste pour l'exaspérer un peu plus. Rébecca voulait en faire une jeune fille bien comme il faut ? Hé bien elle devra faire face à la mauvaise humeur permanente de la jeune fille en question !
Tomoyo s'affala sur sa chaise, le visage fermé. Elle jeta un regard déconfit aux couverts qui gisaient à côté de son assiette et soupira. Comme elle regrettait ses baguettes ! Non pas qu'elle ne sache pas se servir de ces couverts. Mais elle n'avait pas trop la main avec une fourchette et un couteau...
- Bon appétit ! lança Dimitri avec un semblant de fausse bonne humeur dans la voix pour briser le silence de la petite tablée.
- Itadakimasu [Bon appétit] ! lâcha ironiquement Tomoyo, uniquement pour énerver Rébecca, ce qui ne manqua pas de marcher.
- Je t'ai déjà dit cent fois de ne pas parler en japonais ! fulmina Rébecca.
- Mais je le sais bien : c'est pour ça que je le fais ! répondit effrontément la jeune rebelle.
Rébecca se mura dans son mépris et se concentra sur son assiette. Tomoyo rit sous cape et chipota à ses haricots sans en manger. Dimitri jeta un regard dépité à Rébecca, puis à Tomoyo, renonça et préféra s'occuper de son rôti de porc.Comme tous les soirs, les mouches seules rompaient le lourd silence qui pesait dans la petite cuisine...

Tomoyo ouvrit le bottin de téléphone et ravala son abattement face à tant de caractères latins. Elle faillit lancer une remarque sur le japonais, mais elle se retint en se souvenant que Rébecca avait l'oreille particulièrement fine lorsqu'il s'agissait de choses qu'elle n'appréciait pas.
- Maudite Rébecca ! grommela-t-elle entre ses dents en feuilletant le bottin.
Elle songea un instant aller demander de l'aide à Dimitri, mais sa fierté l'emporta en imaginant la gloire que Rébecca ne manquerait pas d'en tirer. Elle allait donc se débrouiller ! Elle trouva la page "Londres" et chercha à la lettre H le nom qu'elle cherchait.
- Hibert, Hibilo, Hicard...
Son doigt glissait sur la page, suivit par ses yeux qui lisaient chaque nom l'un après l'autre. Au bout de cinq minutes et après avoir avalé plus de cent noms, elle trouva enfin celui qu'elle cherchait. Elle nota l'adresse et le numéro de téléphone sur un papier et referma le bottin avec soulagement. Elle ne se débrouillait pas encore parfaitement avec l'alphabet latin, et la recherche par ordre alphabétique lui était des plus pénibles.
Elle hésita à l'appeler tout de suite, mais la joie à l'idée d'entendre enfin un peu de japonais balaya son incertitude. Elle sortit son portable, composa le numéro inscrit sur son papier et vérifia qu'elle avait bien fermé la porte de sa chambre à clé.
La sonnerie retentit une fois, deux fois, trois fois... Elle enroulait une mèche de cheveux sur son index d'impatience et d'appréhension de ne pas trouver de réponse à son appel. La sonnerie résonnait toujours dans l'appareil et elle allait raccrocher lorsqu'une voix se fit entendre :
- Allô ?
Elle reconnut sans hésiter la voix d'Eriol. Son esprit de discernement ne l'avait pas quitté et, depuis le temps, il s'était même accru au point de reconnaître quelqu'un au son de sa voix.
- Moshi moshi [Allô allô] ! s'exclama joyeusement Tomoyo.
Etonné d'entendre le son familier du japonais, Eriol n'en sourit pas moins en reconnaissant la voix de celle qui l'avait accompagné durant une année entière. Lui aussi était très perspicace...
- Mais ne serait-ce pas Daidoji ? répondit-il en récupérant immédiatement tout le japonais qu'il n'avait plus utilisé depuis un an.
- Tu sais très bien qui c'est, alors ne demande pas, fit Tomoyo, mine de rien.
Tout le froid dans la voix de la jeune fille toucha profondément Eriol, qui se demandait quel malheur avait pu éteindre la petite flamme qui retentissait autrefois dans chacune de ses paroles.
- Hé bien, suis-je découvert ? sourit Eriol, bien décidé à ne pas laisser paraître son étonnement.
- Faut croire que oui, rigola Tomoyo. J'avais besoin de te parler...
- Je peux t'aider ?
- Non, malheureusement... Mais j'avais quand même besoin de le faire.
- Pourquoi ? demanda Eriol, de plus en plus perdu.
Un éclat de rire sans joie lui parvint :
- Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir d'entendre un peu de japonais !
- Explique-moi, si tu le désires...
Mais Tomoyo n'avait pas envie, pas par téléphone. Elle fixa rêveusement le petit papier où elle avait noté son adresse et demanda brusquement :
- J'aurais besoin de te voir. Quand pourrais-je venir ?
Eriol répondit, pris de court :
- Hé bien, quand tu veux ! Ma maison est toujours ouverte aux amis !
- Attends-toi à me voir débarquer sans prévenir. Je dois raccrocher maintenant, Rébecca va me faire ma fête ! Au revoir !
- Euh, au revoir... répondit machinalement Eriol, complètement perdu dans les phrases décousues de son amie.
Tout ce qu'il avait retenu de cette courte conversation était que Tomoyo n'allait pas bien et qu'elle allait venir prochainement... C'était peu !
Véronique s'approcha de lui :
- Qui était-ce ?
- U... Une amie, hésita Eriol. Rien de bien important.

-Dimitri feuilletait nerveusement une revue, puis la laissa lui échapper. Il poussa un soupir et jeta un regard triste à Rébecca, qui examinait soigneusement le verni de ses ongles.
- Ca ne peut plus durer comme ça ! s'exclama-t-il, à mi chemin entre le découragement et la colère.
Rébecca ne fit pas mine de réagir.
- Tu m'écoutes ? insista Dimitri, excédé.
- Mais oui, je ne fais que ça, répondit tranquillement Rébecca, sans lâcher ses ongles des yeux.
Dimitri lui lança un regard désespéré et continua plus doucement :
- Comment pourrait-on faire ? Pour Tomoyo ?
- Je ne vois qu'un moyen : la mater définitivement et la rendre enfin obéissante, répondit Rébecca sans plus réagir.
- Mais la force n'y fera rien, tu le sais bien...
Rébecca lâcha enfin ses ongles des yeux pour lancer un regard de glace à Dimitri, avant de revenir à sa préoccupation première.
- Rébecca ! Tu devrais être un peu moins dure avec la petite ! continua-t-il.
- Nous y voilà ! Et comment voudrais-tu faire autrement ? Je ne connais que la force pour rendre les rebelles doux comme des agneaux.
- Tu oublies qu'elle a souffert ! Elle a perdu sa mère, qui était sa seule famille ! Elle a été balancée de famille d'accueil en famille d'accueil avant d'arriver jusqu'ici ! Elle a dû quitter son pays, ses habitudes, ses amis, même sa langue ! Tout ! Elle a complètement changé d'univers ! On doit lui laisser du temps...
Il n'obtint pas de réponse. Il prit un ton hargneux pour attaquer dans une autre direction :
- Si j'ai décidé de prendre en charge des enfants malheureux et sans famille, ce n'est pas pour que ma soeur se charge de les rendre plus renfermés encore !
- J'éduque TES enfants comme on m'a éduqué, c'est tout, répondit platement la concernée.
Dimitri soupira, une fois encore. C'était perdu d'avance...

Tomoyo entrouvrit les yeux, éblouie par la lumière crue qui filtrait à travers les rideaux fermés. Elle se leva, s'étira et se dirigea vers sa garde-robe en baillant. Elle ouvrit la grande armoire et hésita longuement, avant de choisir un jean bleu foncé et un t-shirt bleu gris unis.


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Meiko Harada
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MessageSujet: Re: Rien ne va plus !   Rien ne va plus ! EmptyLun 24 Juil - 0:24

Elle se rappelait encore du temps où elle portait l'uniforme de son école, à Tomoéda... Elle avait été horriblement dépaysée en apprenant que les élèves européens pouvaient porter ce qu'ils voulaient en classe, de même qu'en constatant que le respect envers les professeurs était passablement diminué dans l'esprit des élèves. En moins d'un an, elle avait visité six écoles dans six pays différents. Heureusement, on avait toujours pris garde de l'envoyer dans des écoles où les élèves parlent très bien l'anglais. Elle s'imaginait mal apprendre six langues en un an...
Dans le bus qui l'emmenait à son école, elle rêvait, son regard perdu dans le paysage flou qui défilait devant ses yeux.
- Hi !
Elle retourna la tête tellement brusquement qu'elle pensa un instant qu'elle allait se dévisser. Un grand garçon aux cheveux noirs et aux yeux étrangement sombre se tenait devant la place libre à côté d'elle.
- Je peux m'asseoir ? demanda-t-il dans un anglais où tintait un léger accent.
Tomoyo hocha de la tête et s'en retourna à sa fenêtre. Un détail la frappa de plein fouet. Ce garçon... Il avait les yeux légèrement bridés...
Elle voulut vérifier ce détail et rencontra le regard du garçon, qui ne l'avait pas lâché des yeux. Sans doute avait-il remarqué la même chose chez Tomoyo. Il sourit de toutes ses dents, un sourire qui aurait fait fondre n'importe quelle fille. Mais Tomoyo n'était pas n'importe quelle fille et resta de marbre.
- Pourrais-je savoir ton nom ? demanda le garçon sans cesser de sourire.
- Tomoyo Flykonen, grommela-t-elle en utilisant le nom de sa famille d'accueil.
Le sourire s'accentua sur le visage du garçon, qu'elle soupçonnait maintenant de vouloir la draguer.
- Moi je m'appelle Keichi Dokari. Enchanté de faire ta connaissance.
- Moi de même, Dokari-kun, laissa-t-elle échapper sans y penser.
- Watashi wa namae-mu de yonde kudasai [Appelle-moi par mon prénom] fit-il rêveusement.
Tomoyo écarquilla les yeux. Elle ne s'était donc pas trompée !
- Nihongo ga hanasemasu ka [Tu sais parler japonais] !?
Il sourit davantage :
- Watashi wa nihon umare desu [Je suis d'origine japonaise].
- Watashi mo [Moi aussi] !
Une pression sur le dossier de Tomoyo la fit se retourner. Elle se retrouva face à face avec une jeune fille brune aux yeux d'un bleu profond, qui les observait, ou plutôt les écoutait, depuis un bon moment déjà.
- Dites donc, de quoi vous causez, vous deux ? demanda-t-elle impunément dans un anglais parfait. J'ai jamais entendu une langue pareille moi ! C'est quoi ?
- Japonais, grommela Tomoyo, interrompue dans sa rencontre avec Keichi.
- Tu causes japonais maintenant Keichi ?! s'étonna la jeune fille.
- Tu ne le savais pas encore Chloé ? Pourtant j'ai le nom qu'il convient.
- Au fait, je m'appelle Chloé McLyner, fit la jeune fille à l'adresse de Tomoyo.
- Tomoyo Daidoji, grogna celle-ci, peu envieuse de nouer d'amitié avec quiconque.
- Tu ne m'avais pas dit Flykonen avant ? demanda Keichi, un peu perdu.
Tomoyo soupira :
- Flykonen est le nom de ma famille d'accueil actuelle. C'est Daidoji mon vrai nom.
- Oh, pardon, s'excusa-t-il en baissant la tête.
Tomoyo sauta sur l'occasion pour couper la conversation et resta silencieuse le reste du trajet.

Tomoyo dansait d'un pied sur l'autre, hésitante. Dimitri releva le nez de ses casseroles et la regarda, intrigué par son manège. Ce n'était pas dans ses habitudes de venir le voir à la cuisine, et encore moins de sembler douter comme ça.
- Qu'y a-t-il Tomoyo ?
- Hé bien voilà, euh... En fait... hésita-t-elle.
- Oui ?
- J'aimerais aller à Londres pendant les vacances, lâcha-t-elle finalement.
Dimitri abandonna sa cuillère en bois dans la casserole qu'il remuait et regarda Tomoyo avec des yeux étonnés.
- Mais Tomoyo...
- Oh mais oui, je sais, tu n'es pas en vacances, toi, et puis Rébecca ne voudra sûrement jamais venir, mais je connais quelqu'un à Londres, je pourrais y aller seule et loger chez lui, ce n'est pas un problème, et si tu ne veux vraiment pas, tant pis ! l'interrompit-elle brusquement.
- Mais tu es sûre que cette personne voudra bien t'héberger ? demanda Dimitri.
- Oui, oui, pas de problème pour ça, je lui ai déjà téléphoné, il est d'accord !
- Bon dans ce cas, je ne vois pas d'inconvénient...
Tomoyo se retint de justesse de faire un bond en l'air de joie.
- Tu voudrais y aller combien de temps exactement ? demanda encore Dimitri, soucieux du moindre détail.
- Je ne sais pas trop... Une semaine, quelque chose comme ça.
- Va pour une semaine, sourit Dimitri en la voyant sauter partout comme une puce excitée. Tu pourrais y aller en train, si ça ne te dérange pas.
- D'accord ! Je vais voir les horaires sur Internet ! s'écria-t-elle en bondissant dans l'escalier.
Elle ne savait pas que Dimitri allait devoir résoudre un autre problème. Un problème du nom de Rébecca...

- Mais c'est de la folie pure !
- Je suis conscient que ce n'est pas sans danger. Mais j'ai téléphoné à l'ami dont elle m'a parlé : il viendra la chercher directement à la gare.
- Mais cet ami, justement, quel âge a-t-il ?
Dimitri sourit.
- Pas de quoi t'affoler. Il n'a que quatorze ans.
Il s'imaginait mal que le petit garçon sérieux et responsable qu'il avait eu au téléphone puisse faire le moindre mal à Tomoyo.
- Et ses parents ? Ils sont d'accord ? insista Rébecca.
- Il m'a garanti que c'était sans problème.
- Bon... dans ce cas, je ne peux plus m'opposer à ce voyage... capitula Rébecca.

- Hiiragizawa !
Eriol tourna vivement la tête dans la direction de l'appel et vit une jeune fille aux cheveux gris bleu avec un léger reflet mauve courir à lui. Pas de doute : c'était sa vieille amie Tomoyo !
Elle s'arrêta à son niveau, légèrement essoufflé de sa course, et lui tendit la main.
- Bonjour Hiiragizawa !
Eriol délaissa la main et tendit plutôt la joue pour une bise. Tomoyo la lui donna, un peu étonnée de ce geste qui n'était pas d'usage au Japon.
- Tu as fais bon voyage ? demanda-t-il en attrapant la poignée du sac de la jeune fille.
- Parfait ! Le repas à bord était un vrai délice !
Eriol se mit en marche dans le hall surpeuplé de la gare de Waterloo et veilla que Tomoyo ne le perde pas de vue. Ils débouchèrent sur la ville et la jeune fille s'extasia devant le Palace of Westimster, la Westminster abbey, le County Hall, enfin tous les célèbres monuments de la grande ville qu'Eriol connaissait par coeur. Ils prirent le métro dans York Road et arrivèrent enfin dans le quartier où il demeurait. A voir la taille imposante des pavillons résidentiels, Tomoyo conclut que le quartier n'était pas le plus pauvre de la capitale.
En moins de dix minutes, ils étaient arrivés à la porte de la demeure de l'Anglais. Il la fit entrer sans attendre et Tomoyo débarqua dans un énorme hall plutôt sombre, éclairé par des lanternes accrochées aux murs qui donnaient à la maison une allure sinistre qui n'était pas pour lui déplaire. Eriol la fit passer dans le salon, où de grands fauteuils accueillants quoiqu'un peu défraîchis les attendaient. Tomoyo s'affala dans l'un d'eux, visiblement heureuse d'être arrivée à bon port. Eriol s'assit à son tour, en face d'elle, et entama la conversation.
Il allait l'interroger sur ce qui c'était passé depuis son départ il y à un an, mais elle l'interrompit et lui demanda plutôt ce que lui avait fait pendant tout ce temps. Eriol s'exécuta donc, et lui raconta vaguement qu'il était rentré en Angleterre, avait retrouvé plus ou moins la même vie qu'avant, avec le soulagement supplémentaire d'être enfin un garçon à peu près comme les autres puisqu'il n'était plus le plus grand magicien de la terre mais seulement un "petit sorcier de seconde zone", comme il se plaisait à le dire lui même.
Tomoyo sourit à cette affirmation, et Eriol trouva dans ce sourire une pointe de tristesse et de mélancolie qui ne lui échappa pas.
- Et toi ? demanda-t-il à son tour. Il me semble qu'il t'est arrivé quelque chose de fort triste pour que ton sourire soit aussi malheureux...
- Ma foi, oui, c'est très triste en effet, répondit Tomoyo en baissant la tête, peinée de devoir tout raconter et à nouveau vivre cette horrible période de sa vie.
- Attends un instant, s'il te plait, je vais chercher du thé, l'interrompit-il doucement en se levant.
Tomoyo sourit, et cette fois-ci une teinte de remerciement apparut sur son visage. Elle savait qu'Eriol avait fait exprès d'aller chercher du thé à cet instant précis afin de lui laisser un peu de temps pour qu'elle ait bien les idées en place. Cette preuve de tact de la part de l'Anglais la toucha.
Il revint cinq minutes plus tard, un plateau dans les mains. Il déposa sa charge sur la table basse et servit son invitée, qui le complimenta sur le thé.
Tomoyo commença alors son récit, la voix sèche et sans émotion. Elle lui raconta tout, le départ de Sakura, sa dépression, la mort de sa mère, son nouveau statut d'enfant de l'Assistance, ses familles d'accueils, tout quoi ! Eriol écouta sans l'interrompre une seule fois, de plus en plus horrifié par tous les malheurs que la pauvre Tomoyo avait dû endurer en une seule année.
A la fin du récit, Eriol ne savait pas quoi dire. Il se sentait maladroit face à la douleur que ressentait son amie. Tomoyo prit les devants en lui faisant un grand sourire, pour ne pas le laisser mal à l'aise. Eriol lui sourit en retour, un peu tristement.
Une grande dame fit son apparition dans le salon. Eriol se leva immédiatement et s'empressa de lui avancer un fauteuil, sous les yeux interrogateurs de son invitée. La dame s'installa à son aise, et Eriol lui servit une tasse de thé avant de faire les présentations.
- Ma très chère Daidoji, je te présente Véronique Hiiragizawa. Mère, voici Tomoyo Daidoji, la jeune fille dont je vous ai parlé.
Tomoyo en resta interdite :
- Ta... ta mère ?!
Elle ne s'était jamais imaginée qu'il puisse avoir des parents...
- Je suis très heureuse de faire votre connaissance, mademoiselle, la salua la dame dans un japonais où tintait l'accent anglais.
- Moi de même, madame, répondit Tomoyo. Je vous suis très reconnaissante de bien vouloir m'offrir l'hospitalité pour quelques jours.
Véronique sourit discrètement. Elle était un peu dans le genre de Yelan : sévère, peu souriante et encore moins permissive avec ses enfants.
Eriol dû penser à la même chose car il demanda subitement des nouvelles de la famille Li à Tomoyo.
- Je n'ai aucun contact avec eux, répondit-elle froidement. Depuis le départ de Li, je n'ai reçu aucune nouvelle. Je ne sais même pas s'ils sont encore vivants, et je ne m'en porte pas plus mal.
Un vacarme assourdissant retentit dans le couloir, et Nakuru ouvrit la porte à la volée. Elle allait bondir sur Tomoyo pour lui souhaiter la bienvenue, mais la présence de Véronique la fit au contraire se raidir comme une planche à repasser. Véronique lui lança un regard glacial tandis que la bombe ambulante venait lentement s'asseoir à côté de son maître, tendue comme si elle avait été couverte d'amidon.
- Mon fils, je t'ai déjà dit, ce me semble, que je n'apprécie guère de voir tes gardiens courir dans toute la maison, lança Véronique à Eriol, austère.
Eriol était mal à l'aise dans ses chaussures. Visiblement, la présence de sa mère lui pesait. Nakuru sentit que c'était à elle d'intervenir pour défendre son maître. Elle se leva et s'inclina respectueusement devant Véronique :
- Maîtresse, je vous prie de m'excuser. En apprenant que notre amie Tomoyo était de visite, je me suis laissée emporter par ma joie de la revoir. Mon maître n'en est en aucun cas responsable. Toute la faute me revient de droit.
- Silence ! Qui te donne la permission de parler sans mon autorisation ? J'oublierais cet incident, car nous avons une invitée. Mais que cela ne se reproduise en aucun cas ! Me suis-je bien fait comprendre ?
- Oui maîtresse, minauda Nakuru en retournant s'asseoir.
Tomoyo lança un regard à Eriol, lui faisant comprendre qu'elle était impressionnée par la solennité de sa mère. Eriol lui fit un petit geste signifiant : "je suis désolé de t'infliger ça mais il fallait bien passer par là".
Véronique, en ayant fini de passer un savon à Nakuru, se retourna vers Tomoyo :
- Veuillez m'excuser pour ce léger contretemps, mais il faut que vous sachiez que cette maison est pour moi un havre de paix et que le bruit excessif m'importune au plus haut point. D'autre part, je n'ai appris que récemment la réelle identité de mon fils, et je dois avouer que je l'ai assez mal pris. Aussi, savoir que mon fils cachait depuis quelques années déjà des hôtes clandestins, qui plus est non humains, m'a trouvé fortement indisposée à les recevoir sous mon toit officiellement. Mais je dois faire avec, comme l'on dit, et je trouve que le minimum de respect que ces hôtes puissent me témoigner est de respecter mes désirs.
Et durant sa tirade, Véronique avait lancé plusieurs fois des regards meurtriers sur son fils et Nakuru, signifiant clairement qu'elle traitait les gardiens d'Eriol comme des objets, tout au plus des esclaves.
Tomoyo commençait à regretter amèrement de s'être invitée, mais par solidarité pour le pauvre Eriol, elle décida de ne rien en montrer.
Véronique et Tomoyo firent donc plus amples connaissances, sous la forme d'un interrogatoire que la grande dame imposait à la jeune fille. Tomoyo choisissait chaque mot avec le plus grand soin pour éliminer toutes les chances de l'offenser, et loua le ciel pour l'éducation sans faille que sa mère lui avait donnée.
Après environ une heure à ce régime, Tomoyo était sous pression. Heureusement pour elle, Véronique se leva et prit congé, sous prétexte qu'elle avait des choses à préparer pour la venue d'un invité de marque le soir même. Eriol la raccompagna à la porte du salon, et dès que celle-ci fut refermée, ils poussèrent tous un grand soupir.
- Je suis vraiment désolé de t'imposer sa présence, s'excusa Eriol. Mais ne t'en fais pas, on ne la voit que très rarement. En général, je reste seul la majeure partie du temps. La dernière fois que je l'ai vue plus d'une demie heure, c'était il y a un peu plus de six mois.
- Et tu n'es pas triste de la voir aussi peu ? C'est ta mère tout de même, remarqua Tomoyo.
-J'imagine que si elle venait à disparaître, j'en serai triste, bien sûr. Mais pour le moment, je me dis que ça me convient très bien. Et puis, vivre tout le temps sous pression, non merci, ajouta-t-il avec un petit rire.
Nakuru, qui s'était tenue raide comme un piquet pendant tout ce temps, s'étirait dans tous les sens.
- Plus jamais ça ! C'est la dernière fois que je vois ta mère, Eriol ! Ca me fout des crampes partout !
- Je te comprends Nakuru, compatit son maître.
Nakuru, après s'être étirée, bondit sur Tomoyo en retrouvant toute sa joie de vivre habituelle :
- Daidoji ça faisait longtemps ! Comment ça se fait que tu sois venue ?
- J'étais de passage dans le coin et je me suis que je pourrais venir vous dire bonjour...
Nakuru passa sa main dans les cheveux de la jeune fille et fit la baboune :
- Pourquoi tu t'es coupé les cheveux ? Ils étaient bien longs comme tu les portais avant...
- C'était ma mère qui me poussait à les garder long, et ça me la rappelait trop quand elle est morte. Et puis, honnêtement, j'en prenais si peu soin qu'on aurait cru que je m'étais fait des rastas, alors je me les suis coupés, répondit Tomoyo en riant.
- Je trouve que cette coupe te va à ravir, la complimenta Eriol.
- Merci, sourit Tomoyo. T'as pas changé, hein ? Toujours à complimenter les filles !
- Seulement les jolies filles, sourit-il. Bon, je vais peut-être te faire visiter la maison non ? On en a pour grosso modo deux heures, mais ça en vaut la peine !
Tomoyo éclata de rire et se laissa entraîner de pièce en pièce.
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